Ouverture par le secrétaire général, allocution du ministre, table ronde avec l’inspecteur général, logistique du centre de conférence ministériel, ambiance détendue : la direction des Français à l’étranger a déroulé le tapis rouge à près des 400 participants aux secondes « Journées du réseau consulaire » qui se sont tenues à Paris ces 20 et 21 juin. La CFDT est représentée par Claire Lefebvre et Franck Laval.
Après une première édition dont l’utilité potentielle avait été relevée l’an dernier , la cuvée 2016 a permis à quelques 250 collègues en poste à l’étranger (43% de secrétaires de chancellerie et 57% de cadres A) de recevoir quelques messages, de faire le point sur le mode « échange » avec la DFAE et le ministère de l’Intérieur…
« Métier consulaire, métier d’avenir » ?
Placé « au centre de l’action extérieure de la France » et « au cœur des transformations du monde », l’action consulaire est, pour le secrétaire général, pleine de « défis et d’opportunités » et se retrouve « aux avant-postes de la transformation du Département ». Si l’exigence de proximité est rappelée, le réseau doit « être proportionné aux besoins » et dessiné « en fonction de la géographie de nos intérêts ». Modularité et spécialisation seraient donc les deux piliers de notre métier, qui est, nous dit-on, « un métier d’avenir ».
Ces thèmes sont repris lors de l’intervention du ministre, qui revient sur la « modernisation du réseau » et sur un tryptique « terrain – proximité – protection » auprès des Français expatriés ou de passage. Ne boudons pas notre plaisir, entendre que le lien que l’on tisse avec nos compatriotes « n’est pas qu’administratif mais aussi humain » replace les fonctions consulaires au centre du jeu. Ces mots contrastent heureusement avec la musique jouée ces dix dernières années, alors que l’on envisagea presque l’externalisation des services rendus et l’abandon de fonctions régaliennes.
Mais la question de l’adéquation moyens/missions reste posée. Là où l’administration assure vouloir « peser au trébuchet » les attributions d’ETP, plusieurs collègues soulignent que la dématérialisation ne sera pas forcément une évidence dans certains pays. Les ambitions auxquelles on ne peut que souscrire risquent de venir s’éteindre sur la perspective de « moins d’ETP et moins de crédits ».
Lors du CTM, le mois dernier, la CFDT avait accueilli favorablement l’exercice de redimensionnement du réseau consulaire, tout en soulignant deux points clefs : effectuer des retours d’expérience sur le dimensionnement des PPD (notamment avec l’exercice « bureaux de France » qui se dessine et ne pas gager des emplois sur des gains de productivité non encore constatés.
Il restera aussi à être vigilant sur une contradiction qui se dessine : tendre à la spécialisation et à la technicité semble peu cohérent avec le recours aux volontaires internationaux, voire aux stagiaires, évoqué voire revendiqué pendant ces journées. Un tel choix serait, vu de l’expérience de nombreux collègues, contre-productif, voire dangereux.
Dans un même ordre d’idée, les perspectives de carrière de nos collègues de recrutement local ne doivent pas être laissées de côté : ils ne peuvent être la variable d’ajustement de notre politique.
Retours d’expérience, écoute des utilisateurs.
Si un incident informatique récent a pu générer panique et incompréhension de la « planète consulaire », la DFAE a fait preuve d’ouverture et d’intérêt pour les retours d’expérience :
– En termes de « quotidien-terrain » tout d’abord : les témoignages de notre consule-adjointe à Madrid (élections), de nos consuls généraux au Caire (protection des détenus) à Lagos (visas) et à Montréal (dématérialisation), de notre ex-ambassadrice au Népal (gestion de crise), du service central de l’état-civil et de la SDV (fraude) ont été source d’échanges directs et efficaces.
– En termes de définition des logiciels ensuite : quatorze postes ont en effet été visités par la mission « modernisation » avant lancement du Registre en ligne… et les enseignements continuent d’être tirés des premiers commentaires utilisateurs. Dans la pratique, il est à souhaiter que le support technique ad hoc en termes de proximité rapportée aux problématiques PPD-PGS / postes de rattachement suivent. L’échec d’Itinéra-1 demeure patent… et les perspectives d’Itinéra-2 ne semblent pas très claires (absence de « couche-Eole » ne permettant pas la connexion au Registre notamment… à tel point que l’on envisage déjà un Itinéra-3).
– En termes de perspectives à court terme enfin : l’anticipation des échéances électorales de 2017 et le calibrage des bureaux de vote pour les deux fois deux scrutins qui se dessinent est de bon augure, dès lors que les cas spécifiques des PPD et de leurs ratio nombre d’agents / communauté française, seront pris en compte.
Les onze tables rondes thématiques ont permis de naviguer entre information (protection fonctionnelle, communication sur et médiatisation des problèmes consulaires), rappels RH (responsabilité des chefs de postes et exemplarité du management), préoccupations (lien avec le TGI de Nantes sur les problématiques mariages, difficultés rencontrées avec l’OFPRA), fondamentaux (langue de communication avec certains de nos ressortissants) et arlésiennes (lutte contre le fraude, co-localisation européenne etc.).
Réaffirmation du service (au) public.
On retiendra de ces deux journées la réaffirmation par le ministre et l’administration de l’exigence d’un service public de qualité à l’étranger et l’apparition d’une réflexion sur les moyens et missions. Reste à être vigilants afin que le prisme budgétaire ne vienne pas ternir un tableau qui s’est voulu rassurant et ouvert… c’est là tout le prix que nous attachons à notre présence sur ces questions.
[Un grand merci à Magdalena Mira, du consulat général d’Amsterdam, pour sa photo « Insolite au Consulat » qui illustre cet article]