Vous avez été nombreux à réagir à notre article dénonçant l’approche biaisée choisie par l’équipe de Pièces à conviction dans son reportage « Nos très chères ambassades ». Mais l’histoire ne s’arrête pas là : non seulement le ton était critiquable mais en plus le reportage semble relever plus de l’intox que de l’info… En effet, le tournage à Abidjan aurait été monté de toutes pièces : les personnes qui sont présentées comme agent d’accueil du poste, secrétaire du consul général ou chargé de la remise d’un passeport… seraient d’autres que celles affectées réellement sur ces postes de travail !!! A l’initiative de qui serait intervenu ce savant jeu de chaises musicales ? A celle de la hiérarchie ? Ou à la demande d’une équipe de tournage déçue de l’accueil des « vrais gens » qui n’avaient pas été prévenus de son arrivée et qui, en l’absence d’instruction, ont, fort logiquement, refusé de répondre ?
On en vient à se demander si l’agent recruté local, qui était à l’époque chargée de l’accueil des usagers et qui a manifestement été écartée du tournage, n’a pas fait les frais de l’accueil qu’elle aurait réservé aux journalistes. Depuis, elle a perdu son emploi au consulat général…
Cet épisode malheureux soulève encore plus d’interrogations sur les conditions de réalisation de ce tournage !
Sur le fond du reportage sur nos postes en Côte d’Ivoire, qui met la loupe sur les prétendues bonnes conditions de vie, on rappellera qu’Abidjan fut le théâtre d’une crise post-électorale sanglante (3000 morts) pendant laquelle, en avril 2010, les agents ont dû passer onze jours de confinement au poste pendant que les combats faisaient rage à l’extérieur. Une partie de la famille de certains (dont des enfants en bas âge) est restée bloquée à la Résidence des Palmes (la fameuse « résidence cossue et sécurisée dans le plus beau quartier de la ville » que décrit le reportage) défendue par les gendarmes français. Le dénouement dramatique de cette crise avait été précédé, depuis la proclamation des résultats contestés, de quatre mois de strict couvre-feu à partir de 19h dans toute la ville, et de 10 ans de troubles ou parfois, comme en 2004, la communauté française était clairement visée…
Il y un mois et demi, la station balnéaire de Grand-Bassam (à environ 40 kms d’Abidjan) a subi une terrible attaque terroriste dans des restaurants de bord de mer très souvent fréquentés par une clientèle occidentale, notamment des agents du poste. N’en déplaise aux journalistes de France 3, la réalité n’est pas aussi idyllique qu’ils veulent le laisser croire !