La CFDT-MAE a suivi avec intérêt les travaux de la XXIIe Conférence des Ambassadeurs. La séance plénière «Poursuite de l’adaptation du réseau diplomatique, le 29 août, nous a permis d’avoir une esquisse des chantiers et priorités à venir et de discerner les domaines dans lesquels notre réflexion et notre vigilance devront s’exercer.
Effet d’actualité ou tendance confirmée, les antiennes ont été celles du ministre : efficacité, rationalité et unité.
Menée de manière claire et volontariste par le nouveau secrétaire général, la réunion a été l’occasion pour l’administration de mobiliser ses chefs de postes, en quittant de manière notable le registre assez systématiquement négatif qui donnait jusque-là régulièrement l’ambiance. Je leur dirai les mots bleus, ceux qui rendent les ambassadeurs heureux… Le ton «résolument concentré» du modérateur a permis de dérouler les 4 axes opérationnels retenus : effort sur la sécurisation des ambassades, mise en œuvre des postes de présence diplomatique à format très allégé (PPD-FTA), réorganisation du travail consulaire et unicité de l’action extérieure.
Nous en retenons les éléments suivants :
1. Budget et schéma d’emploi: une situation relativement préservée
A l’orée d’un nouveau triennium budgétaire (2015-2017), le directeur général de l’administration (DGA) a évoqué des « moyens préservés … au prix de quelques ajustements ».
En clair, le budget global de fonctionnement des postes devrait voir sa dotation progresser de 2%, les crédits d’intervention sur le programme 185 demeurer stables ainsi que ceux de l’aide au développement. L’essentiel des 218 M€ (soit 4,7% de notre budget 2014) que le Département devra « rendre » sur les 3 ans viendront de restitutions immobilières, d’économies liées aux nouvelles clefs de calcul de nos contributions internationales … et de la poursuite de « l’adaptation du schéma d’emplois ».
Il a tenu à souligner que « les réformes déjà lancées depuis plusieurs années » permettaient d’absorber moins durement les efforts à venir ; c’est notamment visible dans les suppressions d’équivalents-temps-plein (ETP) demandées. Sur les 450 postes « à rendre » entre 2015-2017 (contre 600 pour le triennium précédent), 220 le seront sur une programmation 2015 déjà faite sur le triennium en cours : le solde net ne sera donc « que » de – 230.
Commentaire : arrivés à l’étiage où nous en sommes, la CFDT-MAE s’interroge cependant sur les postes « encore » à supprimer…
En matière de gestion, le DGA a par ailleurs annoncé un renforcement du rôle de backoffice de l’administration centrale envers des services communs de gestion (SCG) aux responsabilités de plus en plus vastes (questions juridiques notamment).
Dans un autre registre, l’attribution de crédits « programme 105 » aux gros consulats généraux, qui est à l’étude, aura un effet de clarification des missions et délestera d’autant le programme 151 de dépenses d’ordre « politique ».
Commentaire : la CFDT approuve clairement cette perspective.
2. la RH et dialogue: un souci affiché
Au-delà des éléments chiffrés ci-dessus, la nouvelle DRH a insisté d’une manière qui nous est apparue positive sur l’aspect « humain » du sigle RH. Engageant les chefs de postes à être réactifs en matière de dialogue social (« vos collaborateurs sont vos plus précieux ressources et moyens »), elle a souligné l’importance de l’échéance électorale du 4 décembre qui en renouvellera les instances et rappelé la nouveauté des comités techniques de proximité à l’étranger (CT-P).
3. Réseau: des projets à clarifier
Le directeur des Français à l’étranger et de l’administration consulaire (DFAE) a, pour sa part, évoqué des « moyens stables » également sur le programme 151, pour faire face à une activité et une demande de services en hausse : inscriptions consulaires + 12% ; visas + 30%. Le « bilan ETP » 2014 est, lui, plus maussade : 80 emplois rendus sur les 3.300 du programme.
Sans surprise dans la ligne « diplomatie économique », la première priorité énoncée est celle des visas. L’objectif de 5 millions de visas à la fin de la décennie (contre 2,5 actuellement) demandera de l’aveu même du directeur un « renfort humain », mais s’accompagnera aussi d’un remplacement du réseau mondial visas (RMV) par le système dématérialisé France Visas et d’une poursuite de l’externalisation. Revirement notable en quelques années, la consigne aux postes est désormais « plus de visas pour les publics qui nous intéressent, de plus longues durées et plus vite ! ». L’extension des programmes d’exemption de visas sera également recherchée dans le cadre Schengen.
Second axe auquel s’attèle la DFAE envers les communautés françaises : le renforcement de la dématérialisation (le projet d’inscription consulaire en ligne se fait attendre) et le regroupement des activités de certaines « petites » chancelleries en « pôles consulaires », sans que l’on ait bien, semble-t-il, pris le temps de poser tous les termes du problème.
Une double notion potentiellement lourde de sens est désormais introduite dans le langage : celle selon laquelle « la France est le pays qui offre le plus de services consulaires » à ses ressortissants (formule souvent utilisée par l’ex ministre déléguée aux Français de l’étranger) et le fait que le consulat idéal soit celui où « les Français n’auraient vraiment à venir que pour quelques formalités comme la biométrie» (verbatim du DFAE), laissant clairement la notion d’accueil et de contact de côté.
Aux limites de l’exercice « regroupement consulaire » et PPD-FTA, le DGA a souligné le rôle « à établir » des « moyens et grands postes » par rapport à leurs postes rattachés. S’il semble logique que la refonte du réseau doive « percoler » vers les premiers, rien ne nous est paru clairement établi… et les témoignages de quelques ambassadeurs concernés ne semblent pas des plus positifs.
Commentaire : la CFDT-MAE demeure très réservée sur une redéfinition des moyens qui ne serait pas fondée sur une nécessaire clarification quant aux missions. Le simple effet de style visant à afficher le vœu d’un réseau « universel mais pas forcément exhaustif » ne permettra pas l’économie d’une nécessaire remise à plat de ce que l’on veut faire au service de la France et de nos compatriotes à l’étranger.
Si la plus grande attention semble donc nécessaire au «recentrage sur le cœur de métier» né sous la révision générale des politiques publiques (RGPP) et survivant de toute évidence sous la modernisation de l’action publique (MAP), il convient de saluer l’annonce de la tenue, a priori en début d’été, de « journées du réseau consulaire». La CFDT-MAE s’associera pleinement à ce nouvel exercice et veillera à ce qu’il soit un réel espace de dialogue et de retour d’expérience. Nous relevons enfin avec satisfaction la double consigne répétée aux ambassadeurs par le secrétaire général : « soutenez vos consuls généraux et chefs de chancellerie ! » et…descendez aux visas !
Nous ne manquerons pas de leur montrer le chemin…